L’auteur part d’un constat : le mariage est en crise. Il précise ce constat en analysant l’évolution de la geste mythique de Tristan et Iseult depuis le Moyen-Age, notamment sous l’angle de ses rapports avec la religion et la mystique, et de ses représentations dans la littérature.

Il date du XIIe siècle l’apparition dans la culture européenne du thème de l’amour passionné et impossible, au confluent de l’amour courtois des troubadours et de l’imaginaire religieux fécondé par l’hérésie cathare. La mystique arabe et la licence poétique jouèrent également un rôle dans l’émergence de l’amour-passion.

Denis de Rougemont identifie l’amour-passion à Eros et il l’oppose à Agapé. Alors qu’Agapé est l’amour concret d’une personne véritable, Eros n’est que l’amour de la représentation qu’on se fait de l’autre et de l’amour lui-même, ce qui explique qu’il soit toujours malheureux et voué à l’échec dans le monde des humains. A cette représentation passionnée de l’amour s’oppose le couple formé de deux êtres réels, uni par l’institution contractuelle du mariage, qui est l’embryon de toute communauté authentique réalisant une union dans le respect des diversités constitutives. Cette union est le modèle que suggère l’auteur contre les deux maux symétriques des sociétés modernes qu’il dénonce : l’individualisme romantique et irresponsable, et l’imposition par le haut d’une morale collective qui dépouille l’homme de sa liberté.